Osez l’alliance qui guérit dans la relation d’aide !

Écrit par Laurent Claret

06/12/2021

L’alliance fait partie des fondamentaux de toute relation d’aide car elle soutient l’évolution de l’accompagné tout au long du processus d’accompagnement.

En guise d’in(tro)duction …

Cet article s’adresse plus particulièrement aux professionnel(le)s de la relation d’aide (coachs, thérapeutes, mentors, médiateurs, praticien(ne)s en médico-social, métiers des Ressources Humaines …) qui accompagnent des transformations humaines individuelles ou collectives.

Si vous n’êtes pas un(e) professionnel(le)s de la relation d’aide mais que vous êtes sensible au « prendre soin » de la relation avec autrui, je fais l’hypothèse que vous y trouverez quelques pépites.

J’ai beaucoup aimé le livre intitulé « L’alliance thérapeutique en 66 notions » conçu sous la forme de 66 fiches « aide-mémoire » sous la direction de Marie-Jo Brennstuhl et Fanny Marteau-Chasserieau et publié aux Éditions Dunod en 2021.

Comme tous les ouvrages qui me plaisent, j’aime à m’y replonger pour en extraire ce qui m’a particulièrement touché. Comme j’ai l’élan de transmettre ce qui me touche et a du sens pour moi, vous trouverez ci- dessous ma « fiche de lecture » qui ne reprend que partiellement la richesse de cet ouvrage. En effet, dans cet article, je ne mentionne pas – par exemple – les spécificités de l’alliance thérapeutique développée dans des contextes spécifiques (accompagnement de groupes ou d’organisations) ou avec des accompagnés spécifiques (enfants, adolescents, militaires, personnes souffrant d’addictions et de déficiences mentales,  …).

Irivin Yalom, thérapeute humaniste, est l’un de mes référents et a l’habitude de dire que « c’est la relation qui guérit. » Alors je fais le choix conscient de centrer ma « fiche de lecture » sur l’alliance qui soutient l’évolution de l’accompagné tout au long du processus d’accompagnement, que ce soit un accompagnement de type coaching, thérapie, supervision, mentorat, médiation, tutorat ou autre.

Voyons maintenant ce qu’est l’alliance thérapeutique et comment favoriser une alliance qui prend soin de la qualité de la relation qui guérit.

En guise de développement …

> Qu’est-ce que l’alliance thérapeutique ?

Démarrons avec une définition consensuelle (partagée par de nombreuses approches thérapeutiques) de ce qu’est l’alliance de travail entre l’accompagnant et l’accompagné :

« L’alliance de travail se compose de trois éléments : l’entente sur les objectifs, l’entente sur les moyens et la création d’un lien affectif entre l’accompagné et l’accompagnant. L’alliance implique une négociation continue entre l’accompagnant et l’accompagné à des niveaux conscients et inconscients en ce qui concerne l’entente sur les objectifs et les taches thérapeutiques. Ces négociations continues établissent les conditions nécessaires au changement et sont également une part intrinsèque du processus de changement. »

Edward Bodin (1979)

Ce sont alors deux experts -l’un de lui-même (l’accompagné) et l’autre du changement (l’accompagnant) – qui vont collaborer au rythme défini par l’accompagné.

L’alliance thérapeutique peut se définir opérationnellement comme la collaboration mutuelle, le partenariat, entre l’accompagné et l’accompagnant dans le but d’accomplir les objectifs fixés.

La qualité du lien affectif unissant accompagné et accompagnant, la motivation de l’accompagné, l’engagement de l’accompagnant et la capacité des protagonistes à travailler ensemble sur des objectifs co-définis et sur des tâches précises sont constitutives de l’alliance thérapeutique.

L’alliance permet d’offrir un espace de sécurité nécessaire pour accompagner les phases de ruptures et de restaurations qui accompagnent le changement de l’accompagné. L’alliance peut par exemple se mesurer en début d’accompagnement à l’aide d’un auto-questionnaire complété par l’accompagné à la fin de la première séance. Ce questionnaire d’évaluation de la qualité d’entretien aura pour intention d’aider l’accompagnant à mieux accompagner.

En tant qu’accompagnant, il s’agit de sortir du lien automatique Parent – Enfant.

« La volonté de faire le bien de l’autre est l’essence même de la tyrannie. »

Emmanuel Kant

« Le plus difficile lorsque nous cheminons avec quelqu’un est notre besoin de résoudre ses problèmes et notre nécessité interne de l’aider à trouver une solution pour résoudre ses conflits. Lorsque notre but est d’initier un processus d’ego conscient, nous ne sommes plus concernés par trouver une solution ou faire en sorte que les choses s’arrangent. Notre travail est différent. Notre travail est de rendre la personne bienveillante envers ses énergies dominantes et de créer un ego conscient par rapport à celles-ci. (…) La subpersonnalité qui veut aider l’autre, qui pense qu’elle sait pour l’autre est toujours le Parent en nous. Sans ce Parent Responsable et l’Enfant Sauveur derrière, aucun de nous ne choisirait ce métier. L’identification à cette subpersonnalité est cependant le plus grand piège qui nous guette. Dans notre désir d’aider l’autre, nous pouvons facilement oublier que l’autre sait pour lui et le placer continuellement en position d’Enfant. Si nous occupons énergétiquement la place de Parent, nous poussons l’autre dans celle de l’Enfant. C’est une des lois énergétiques. Nous désirons que celui que nous accompagnons prenne son pouvoir. Nous allons donc devoir, au niveau énergétique, libérer cette place de pouvoir ou, au moins, la partager. Lorsque l’accompagnant n’est pas tout-puissant, lorsqu’il ne sait pas tout, l’accompagné a une chance de ne pas rester immobilisé sur celle d’Enfant et de reprendre son pouvoir sans passer automatiquement par la case d’un Rebelle Passif ou Actif. »

Véronique Brard « Coacher par les énergies » sous la direction de Jean Marc Parizet

« Lorsqu’on s’éveille à sa vérité, le sentiment est si incroyable et si libérateur qu’il se peut que l’on éprouve qu’il est de sa responsabilité d’aider chacun à se sentir aussi bien. Essayer d’éveiller les autres n’est pas le rôle d’un guérisseur. Votre travail est de vous sentir le mieux possible à chaque instant, pour être en totale harmonie avec vous-même. Laissez votre être supérieur, la totalité de l’univers, resplendir à travers vous et inspirer aux autres de voir le monde de façon différente, s’ils le désirent. C’est à eux de choisir ce qu’ils veulent faire. En ce qui vous concerne, vous devez vous aimer vous-même ainsi que toutes choses. Les niveaux de conscience et de perception de chacun sont différents. Là où en est quelqu’un, c’est parfait pour lui dans sa vie à ce moment-là. Laissez chacun être tel qu’il est et concentrez-vous seulement sur le fait de vous sentir au mieux de ce que vous pouvez être à présent. Personne n’a à changer pour que vous éprouviez de l’amour, parce que vous êtes l’amour. »

Extrait des 52 cartes oracles pour se connecter à la sagesse d’Astar – Denise Jarvie & Anne Delmas

Je développe ci-dessous comment est perçue l’alliance de travail dans les trois approches que je pratique : l’approche cognitive et comportementale, l’approche humaniste et l’approche systémique.

* L’alliance dans l’Approche Comportementale et Cognitive.

Les thérapies comportementales et cognitives ont fait de l’alliance thérapeutique un ingrédient indispensable de la réussite de la thérapie, de par le lien affectif accompagné – accompagnant et l’accord mutuel sur les objectifs de la thérapie qu’elle sous-tend.

Dans le cadre d’une thérapie comportementale et cognitive, c’est l’accompagné qui est le moteur de son évolution thérapeutique et non la seule relation thérapeutique ou le seul accompagnant. L’alliance thérapeutique collaborative vise donc à laisser la responsabilité du changement à l’accompagné, sans survaloriser la place de l’accompagnant. Elle est soutenue par deux types de positionnement relationnel :

  • La symétrie : l’accompagné comme l’accompagnant sont dans des postures actives et cherchent ensemble des solutions face aux difficultés rencontrées.
  • La complémentarité : accompagné et accompagnant échangent leurs points de vue et guident la direction à suivre dans l’accompagnement. Il en est ainsi lors de la définition d’une tâche thérapeutique : l’accompagnant interroge l’accompagné sur sa perception de la tâche et réajuste l’objectif en fonction de ce qui lui est indiqué.

C’est grâce à un équilibre entre ces deux modalités relationnelles qu’une alliance collaborative efficiente peut se développer et constituer un vecteur de changement pour l’accompagné.

* L’alliance dans l’Approche Humaniste.

Dans le cadre d’une thérapie d’approche humaniste, l’alliance thérapeutique est au cœur du processus. La notion de collaboration oriente tant le cadre conceptuel, les buts visés, les objectifs de travail, la méthode d’intervention que la posture thérapeutique propre à cette approche.

Par son écoute attentive et empathique, l’accompagnant se veut :

  • Ouvert, c’est-à-dire curieux et disposé à être surpris ou dérouté par l’expérience unique de l’accompagné. Respectueux de la dignité de l’accompagné et capable d’accepter son expérience subjective de manière inconditionnelle. Il ne s’agit ni d’évaluer ni de juger cette expérience, mais de la reconnaître comme unique et valide.
  • Authentique : ses interventions sont cohérentes avec ses intentions et son expérience de la relation d’aide. Il ne s’agit pas pour l’accompagnant de nier son expérience subjective à l’égard de celle de l’accompagné, mais bien de la reconnaître comme vraie, distincte et potentiellement utile au processus thérapeutique.
  • Congruent : afin d’établir un climat de travail sécurisant et prévisible cohérent avec les attentes et les besoins de l’accompagné.

Selon le modèle humaniste, l’alliance est un levier essentiel au travail thérapeutique :

  • Elle facilite la compréhension empathique de l’expérience subjective de l’accompagné.
  • Elle favorise l’engagement actif de l’accompagné dans le processus thérapeutique.
  • Elle permet d’ajuster les interventions aux besoins et à l’organisation subjective de l’accompagné.
  • Enfin, elle permet la co-construction du sens.
* L’alliance dans l’Approche Systémique.

Dans le cadre d’une thérapie familiale, l’alliance avec chaque membre de la famille, les parents comme les enfants, est un travail d’équilibriste qui permet à l’accompagnant de se faire accepter par le système familial et non pas rejeter comme un intrus. Ce n’est pas seulement l’alliance avec les parents au détriment des enfants ou l’alliance avec les enfants au détriment des parents. C’est une différence fondamentale entre le modèle systémique et d’autres modèles thérapeutiques : l’accompagnant est d’abord l’accompagnant d’un système blessé, souffrant, avant d’être l’accompagnant d’une personne adulte ou enfant.

La mobilité intellectuelle et émotionnelle de l’accompagnant entre les différents membres du système familial et sa capacité à garder une position méta pour observer les liens relationnels entre chaque participant vont l’aider à installer cette alliance. L’alliance est de nature individuelle et relationnelle.

Cette métaphore connue des thérapeutes familiaux illustre cette danse d’alliance où l’accompagnant doit à la fois marcher dans la rue avec la famille et être au balcon pour se voir en train de marcher avec la famille.

L’alliance est un élément clé dans l’efficacité d’une thérapie mais son évaluation demeure difficile. Elle soulève de nombreux défis méthodologiques car elle convoque de nombreuses dimensions différentes (cognitive, émotionnelle, comportementale, physique, spirituelle) et évolue en permanence.

> Comment créer les conditions de l’alliance qui prend soin de la relation qui guérit ?

« La confiance et la sécurité sont au cœur de la relation accompagnant – accompagné. Elles sont nécessaires pour que l’alliance thérapeutique, qui est la base de notre travail, puisse exister et rester active au fil des rencontres. La véritable force thérapeutique réside dans le lien avec celui que nous accompagnons, ce qui va nous demander de porter notre attention sur le lien énergétique entre lui et nous, d’ajuster ce lien en fonction de l’énergie présente, de développer de façon continue un processus d’ego conscient pour ne pas rester dans notre système primaire qui aime et qui déteste, et pouvoir éventuellement induire ce même processus chez celui que nous accompagnons. »

Véronique Brard « Coacher par les énergies » sous la direction de Jean Marc Parizet

Dans un joyeux désordre, les habiletés spécifiques permettant à l’accompagnant d’offrir les conditions d’une alliance thérapeutique sont les suivantes :

  • La capacité d’inspirer confiance dans la fiabilité : l’accompagnant commence et termine les séances à l’heure, il demeure constant dans le contact avec l’accompagné, il assure une confidentialité absolue.
  • La congruence : ce qui transparaît de l’accompagnant est concordant avec ce qu’il éprouve.
  • L’ouverture : l’accompagnant est ouvert à des hypothèses multiples et fait preuve de flexibilité dans sa façon d’approcher la réalité de l’accompagné.
  • La chaleur : l’accompagnant se préoccupe de l’accompagné tout en favorisant son autonomie. L’imperfection de l’accompagnant tend à communiquer à l’accompagné le message suivant « Voyons ce que deux personnes imparfaites peuvent faire ensemble pour vous aider à résoudre vos difficultés ».
  • La patience : l’accompagnant permet à l’accompagné de se déployer de façon spontanée et naturelle. Il tolère l’ambiguïté et la complexité. Il ne redoute pas ce que d’autres peuvent considérer comme du temps perdu. Il peut retenir certaines interventions qui, bien que justes, auraient comme impact d’interrompre le rythme naturel de l’accompagné.
  • La sensibilité : l’accompagnant se sert de sa sensibilité pour réguler le rythme de ses interventions pour que celles-ci soient assimilables pour l’accompagné.

L’accompagnant ne construit pas l’alliance mais déploie plutôt le processus relationnel de telle façon que celui-ci forge la robustesse de l’alliance :

  • Encourager la participation active de l’accompagné au processus thérapeutique en lui demandant régulièrement du feed-back, ses prises de conscience, pensées et élaborations.
  • Rechercher régulièrement de l’information de la part de l’accompagné sur son fonctionnement actuel, sa motivation à changer et le support social qu’il obtient.
Il s’agit également – et j’ai envie de dire surtout – pour l’accompagnant de « travailler » sa présence pour amplifier l’alliance.

L’alliance se manifeste au travers de quatre composantes : le rapport au corps, à la sensorialité, au silence et la disponibilité inconditionnelle à ce qui est.

« Quand je suis au plus près de mon moi intime et intuitif, alors, quoi que je fasse semble être très curatif. Il semble que mon esprit intérieur se tende vers l’esprit intérieur de l’autre et le touche. Notre relation se transcende et devient partie de quelque chose de plus vaste. »

Carl Ransom Rogers

La « densité » de présence de l’accompagnant implique de sa part une manière d’être qui l’invite à une ouverture à l’autre sans intention particulière, c’est-à-dire qu’il doit renoncer préalablement à tout savoir, tout vouloir, tout agir, tout pouvoir et toute attente à l’égard de l’accompagné.

« Les questions viennent du bruit. Les réponses viennent du silence. Sois calme et écoute. Renseigne-toi à l’intérieur. »

Auteur inconnu de moi

Cette disponibilité, à créer en soi pour s’ouvrir à l’alliance avec l’autre, est un mouvement fondé sur quatre dimensions selon François Roustang : le rapport au corps, à la sensorialité, au silence et la disponibilité inconditionnelle à ce qui est.

  • La première dimension est l’expérience d’un corps habité, vivant, intelligent dans son mouvement et dans l’espace. Un corps sensible qui ne se réduit pas à l’objectivité d’une enveloppe. Un accompagnant bien dans sa peau incarne une façon de sentir, de bouger, d’être avec, faisant frontière entre l’espace intérieur de son corps et l’environnement extérieur. Il offre un contact fluide à l’autre.
  • La seconde dimension est l’attention à sa perception sensorielle. Elle s’inscrit dans un double processus de vigilance et de détachement. Sensorialité vigilante à la manière du guetteur qui ne perd de vue, d’oreille ou de flair aucun indice mais qui reste libre au sens d’une perception globale sous-jacente qui réintroduit le pouvoir de reconfigurer le monde lorsque parfois ce mouvement est suspendu, arrêté, égaré.
  • La troisième dimension concerne la qualité du silence, son épaisseur et sa simplicité qui invite à ce que l’accompagné se dépose dans son expérience. Le silence est berceau de l’alliance respectueuse, forme première de la présence à soi et à l’autre, précédant le langage. Cet art de l’attention implique une écoute ouverte à des possibles, des gestes et des regards qui ne se contrôle pas d’avance.
  • La quatrième dimension est la disponibilité totale consistant à ne rien faire, ne plus penser, ne plus être dans la prise mais être pris, c’est-à-dire sans projection ni interprétation. L’accompagnant est tout entier porté dans l’instant, dans une immense présence qui ne veut rien de particulier, mais qui est prête à se saisir de n’importe quoi pour réanimer une existence.

Pour l’accompagnant, il s’agit d’humaniser consciemment sa présence verbale et non verbale, tout en se désencombrant de ses préoccupations quotidiennes. Par exemple, en usant de compétences issues de différentes approches thérapeutiques connues pour apaiser le corps et l’esprit : respiration, relaxation, méditation, pleine conscience, imagerie mentale, auto-hypnose, cohérence cardiaque, travail d’ancrage, etc.

La capacité de l’accompagnant à être pleinement présent à l’accompagné ne sera que facilitée, non pas par sa capacité à masquer ou neutraliser ses émotions ou ce qu’il est, mais par son aisance à travailler « avec ». Face à l’accompagné s’opère alors une forme de « double dissociation » où l’accompagnant se retrouve pleinement dans l’instant présent, orienté et accordé sur le vécu de l’accompagné, tout en maintenant une position méta, lui permettant de suivre une intuition guidée par les concepts et connaissances tirées de ses enseignements et de son expérience de l’accompagnement.

C’est par une grande réceptivité à l’expérience singulière de l’accompagné et par une disponibilité relationnelle attentive que l’accompagnant réussit à établir, maintenir et réparer l’alliance thérapeutique. Ainsi, l’accompagnant savant et compétent devient « souvent » efficace.

Accompagner en profondeur grâce à une présence attentive et aimante.

Accompagner en profondeur, c’est accompagner depuis la profondeur de soi-même, pour pouvoir accompagner en profondeur son client.

Comment « faire » pour connecter cette profondeur en soi-même ? C’est tout le paradoxe du « faire sans faire », du non-agir qui permet d’obtenir des résultats depuis un état, sans intervention particulière.

Pour accompagner en profondeur, l’accompagnant doit s’engager dans la profondeur de lui-même. J’aime l’expression de Thierry Janssen qui parle d’une « plongée dans le silence intérieur ». Son invitation est de se faire le cadeau de s’installer dans un subtil équilibre entre vigilance et détente pour faire l’expérience d’un retour vers soi, d’une connexion au divin en soi, d’une connexion à cet espace qui peut tout accueillir, tout contenir, d’une connexion à un vide plein, un vide rempli de tous les potentiels.

C’est depuis cet espace que l’accompagnant peut laisser œuvrer son guérisseur intérieur qui à son tour va réactiver le guérisseur intérieur de la personne accompagnée. Jean Monbourquette a magnifiquement parlé de ce guérisseur à l’œuvre dans son ouvrage « Le guérisseur blessé ». Si l’archétype du guérisseur intérieur – que nous portons toutes et tous en nous – a piqué votre curiosité, cette vidéo d’un thérapeute canadien vous éclairera : « Le guérisseur blessé. »

En guise de conclusion inachevée…

« J’ai l’impression que mon esprit est entré en contact avec celui de l’autre, que notre relation se dépasse elle-même et s’intègre dans quelque chose qui la transcende et qu’adviennent alors, dans toute leur profondeur, l’épanouissement, le salut et l’énergie. »

Carl Ransom Rogers

Comme nous l’avons vu, l’alliance thérapeutique est une coopération mutuelle, un partenariat, dans le but d’accomplir des objectifs fixés dans le cadre d’une rencontre perçue comme temporaire est souvent transitoire.

Ce partenariat repose sur les buts, les taches et la qualité du lien. Reprenons la distinction d’Edward Bourdin : les buts (goals) fixés par la rencontre en rapport avec la demande, les tâches (tasks) à effectuer pour atteindre les buts fixés, le lien (bond) qui est la relation entre l’accompagné et l’accompagnant.

« Être distinct sans être distant » dixit Thierry Tournebise.

 » Le praticien sera aidant dans la mesure où il accepte d’être lui-même touché par l’individu qu’il accompagne. Il s’agit là de sa sensibilité à percevoir celui-ci, à prendre la mesure de ce qu’il vit, de ce qu’il ressent et de n’avoir pour projet que de le reconnaître. De cette reconnaissance vient un apaisement. Cela remet en cause la notion de distance thérapeutique si chère à de nombreuses théories. (…) Se mettre à la place de l’individu ne peut en aucun cas nous aider à le comprendre. Quand nous mettons à sa place, nous ne faisons que comprendre « soi à sa place » et non pas « lui à la sienne », même si nous tenons compte de ses références à lui. Nous ne ferions, dans ce cas, que contacter notre propre imaginaire et cela nous éloignerait de celui que nous prétendons rencontrer. (…) Être en empathie, c’est entrer en contact et accéder à ce qui est intime chez l’autre. (…) Être touché sans être affecté. Affecté suppose une influence néfaste alors que touché évoque une ouverture du cœur, un contact accueilli. C’est parce que le sujet sent que le praticien est touché, que le sujet va vers lui-même. Il a absolument besoin de cet encouragement pour oser cette rencontre en lui. Il doit être assuré que ce qu’il rencontre n’est pas monstrueux pour s’y ouvrir. (…) La bonne distance dans un échange thérapeutique, c’est quand il n’y en a pas et qu’en même temps le thérapeute sait être distinct. Cette règle peut être énoncée en peu de mots « être distinct sans être distant » ou être proche jusqu’au contact, sans pour autant se mettre à la place. « 

Thierry Tournebise « Le grand livre du psychothérapeute » (publié aux Éditions Eyrolles en janvier 2011)

C’est l’élargissement de la conscience réflexive de soi, c’est-à-dire cette compétence de l’accompagnant à saisir l’influence de ses enjeux et variables personnelles sur l’ensemble de son travail d’accompagnement qui facilite le travail d’alliance. La supervision doit lui offrir un espace sécurisant et contenant afin de favoriser la conscience et l’exploration de celle-ci. Par cette reconnaissance de son expérience subjective, l’accompagnant peut mieux la réguler afin de réussir à offrir à l’accompagné les conditions relationnelles (présence accordée raisonnante et contenante) nécessaire au travail de l’alliance thérapeutique. Si vous souhaitez connaitre les modalités de la supervision systémique, analytique et didactique que je propose c’est ici.

Si en tant que professionnel(le) de la relation d’aide cet article a résonné en vous, je vous invite à lire d’autres articles en lien avec ce thème :
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Le pouvoir de l’empathie.
Et vous, en tant que professionnel(le) de la relation d’aide ou en tant que passionné(e) de la relation, quelle relation entretenez-vous avec l’alliance qui prend soin de la relation qui guérit ?
Vos commentaires, vos retours d’expériences et vos questionnements sont les bienvenus dans l’onglet en bas de cet article.
Si vous souhaitez savoir comment je peux vous accompagner sur votre chemin de professionnalisation dans le cadre d’une Supervision Systémique, Analytique et Didactique, sentez-vous libre de me contacter.
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L’alliance dans le mouvement de la vie …

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Laurent Claret

 

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