Osez devenir antifragile !

Écrit par Laurent Claret

18/03/2021

Au-delà de la résilience … l’antifragilité.

Apprendre à devenir antifragile pour vivre sereinement et prospérer dans un monde de plus en plus volatile, incertain, complexe et ambigu.

En guise d’in(tro)duction …

À l’origine, le terme de résilience était utilisé en physique pour définir la capacité de résistance d’un matériau à un choc ou à une déformation. Le champ sémantique de la résilience s’est ensuite étendu à d’autres domaines comme la psychologie, l’économie, la sociologie la biologie ou l’écologie. La résilience est la capacité d’une personne à surmonter les chocs traumatiques, la capacité d’un écosystème ou d’une espèce à retrouver un état d’équilibre après un évènement exceptionnel, la capacité d’un système ou d’un réseau à continuer de fonctionner en cas de panne.

En psychologie, la notion de résilience a été popularisée par Boris Cyrulnik et concerne l’ensemble des processus qui consistent pour un individu à surmonter un traumatisme psychologique afin de se reconstruire.

Le mot « résilience » est entré dans le vocabulaire de nombreux français avec la pandémie de la Covid-19. Le premier confinement en mars 2020 et toutes les restrictions sanitaires qui l’ont suivi ont constitué un traumatisme auquel chacun(e) a réagi à sa façon. La capacité de résilience de chacun(e) va influer sur la façon de gérer l’inévitable stress post-traumatique et sur la durée de ce processus.

Selon Patrick Dugois (coach et résilient), les 5 compétences fondamentales de la résilience sont les suivantes :

« La première est de croire fondamentalement à son ressort, à sa capacité à rebondir. La deuxième est de donner un sens à la situation, au traumatisme. La troisième est de découvrir – de créer si c’est nécessaire – un tuteur de résilience ou des tuteurs de résilience. La quatrième est de savoir bricoler avec ce que l’on a et de faire avec ce que l’on a. La cinquième est au fond – quoi qu’il arrive – de ne rien lâcher. » Patrick Dugois – Résilience et puissance – Épisode 42

Dans cet article, je souhaite aller au-delà de la résilience et parler d’antifragilité.

Antifragile … kesako ?

En guise de développement …

L’Antifragilité est la capacité à se développer et à prospérer dans le chaos et l’adversité.

Ce concept nous vient de Nassim Nicholas Taleb (auteur du Cygne Noir), développé dans son ouvrage « Antifragile. Les bienfaits du désordre. » aux Éditions Les Belles Lettres.

« Est fragile ce qui soumis aux aléas, aux chocs, se casse. Est robuste ce qui résiste jusqu’à un certain point. Est antifragile ce qui se renforce avec les aléas ou les chocs, jusqu’à un certain point là aussi. »

Nassim Nicholas Taleb

Une tasse de porcelaine est fragile car si elle tombe plusieurs fois elle finira par casser. Un chêne est robuste car, jusqu’à une certaine force de vent, il ne bouge pas. Un pied de vigne est antifragile car il se renforce si on le taille, gagne en intensité en cas de stress hydrique, là aussi jusqu’à un certain point.

L’art japonais du Kintsugi.

L’art japonais du Kintsugi est souvent utilisé comme symbole et métaphore de la résilience en psychologie.

« Kintsugi. Cet art de « kin » (qui signifie l’or) et « tsugi » (qui signifie les jointures) est pratiqué au Japon depuis le XVe siècle. Il consiste à réparer les objets brisés avec une laque recouverte de poudre d’or pour que les cicatrices restent apparentes. C’est une philosophie de l’acceptation de l’imperfection qui incite à aborder les échecs, blessures et autres maux de la vie d’une nouvelle manière. »

Céline Santini – L’art de la résilience

« Prendre son passé par la main pour l’emmener vers demain. Comme on prendrait avec soi un objet précieux, même un peu abimé, auquel on tiendrait par-dessus tout. A la façon de cet art délicat japonais du Kintsugi : la réparation de bols en céramique avec de l’or. Au lieu de masquer les brisures, les fêlures, on les magnifie. Les fines cicatrices d’or rehaussent la beauté de l’objet, son caractère précieux. Est-ce que ce ne serait pas l’art de la résilience, l’art ultime de la résilience ? Accepter que le passé nous ait fait souffrir et recoller les morceaux délicatement pour pouvoir le regarder avec une forme de tendresse ou même d’amour. C’est mon passé, je ne l’aurais pas choisi ainsi, mais c’est celui-là et je peux l’aimer. Car, si douloureux qu’il ait été, c’est lui qui m’a construit, c’est lui qui m’a inscrit dans cette vie, la mienne. Et si je peux lui faire une place dans ma vie d’aujourd’hui, c’est parce que je peux aussi en saisir les leçons de choses, les leçons de vie. Dans ce passé tourmenté, j’ai puisé des forces, des talents. Il m’a abîmé mais je peux me réparer, j’ai les fils d’or en moi pour le faire, mes ressources. Ressasser mon passé, comme on remuerait un couteau dans la plaie, ne me permet pas d’avancer. Honorer mon passé, remercier mon passé, m’ouvre en grand la porte pour exister. »

Jeanne Siaud-Facchin

La réparation « façon Kintsugi » adaptée aux humains. J’aime bien ce que Christophe André en dit …

« J‘aime bien cette pratique, qui a bien sûr quelque chose d’étonnant, à une époque où on jette volontiers ce qui est usé ou brisé. Je l’aime d’autant plus que j’ai parfois l’impression de rencontrer des humains Kintsugi. Des humains que la vie a cabossés, mais qui ont réussi à s’en remettre, et qui n’en ont pas gardé d’amertume ou de ressentiment. Au contraire, qui ont progressé, qui se sont à la fois reconstruits et agrandis, améliorés, bonifiés. »

Christophe André

Fragilité – Robustesse – Antifragilité

Quelle est la différence entre un système Fragile, un système Robuste (ou Résilient) et un système Antifragile ?

La mythologie grecque nous propose des exemples de fragilité (l’épée de Damoclès), de robustesse (le Phénix qui renait de ses cendres), d’antifragilité (l’Hydre dont chaque tête coupée repousse double).

« Les systèmes fragiles sont optimisés pour l’efficacité et la performance. Dans un environnement stable et constant, ce sont généralement ceux qui livreront le plus de valeur rapidement. Cependant, ils failliront rapidement lorsque exposés au stress, plus spécialement un stress de nature autre que celui pour lequel il a été conçu. Les voitures de course sont un excellent exemple de système fragile : elles offrent des performances inégalables, mais en dehors de leur environnement contrôlé – la piste de course – elles tombent en morceaux en quelques minutes. Et même sur la piste, plusieurs voitures ne pourront terminer une seule course sans un arrêt au puits de ravitaillement.

Les systèmes robustes (ou résilients) sont conçus pour résister au stress et aux rudes épreuves. Un bon système résilient ne devient ni plus faible ni plus fort dans l’adversité, il l’ignorera simplement. Les équipements agricoles sont un merveilleux exemple de résilience : conçus pour fonctionner dans toutes sortes de conditions et assez robustes pour ne pas briser à des kilomètres de l’atelier de réparation.

Les systèmes antifragiles sont conçus pour s’améliorer sous le stress. Ils ne sont pas aussi résistants que les systèmes robustes et ne peuvent atteindre les sommets de performance des systèmes fragiles mais ils croissent et s’adaptent là où les deux autres ne le peuvent simplement pas. Le corps humain est la représentation parfaite d’un système antifragile : notre corps renforce ses muscles et ses réflexes avec le stress de l’entraînement, notre esprit se développe en établissant des liens à mesure que nous apprenons. »

Source : « Qu’est-ce que l’antifragilité » sur Primos Populi

Pourquoi devenir Antifragile ?

Pour les individus, comme pour les organisations, devenir antifragile permet de prospérer dans un monde de plus en volatile, incertain, complexe et ambigu.

Un individu ou un système est antifragile lorsqu’il se renforce sous l’effet de chocs non excessifs. Les personnes et les organisations doivent donc apprendre à apprécier une certaine dose de stress généré par la volatilité, l’incertitude, la complexité et l’ambiguïté croissante de notre contexte de vie moderne.

« La volatilité rend compte de l’inconstance des situations qui peuvent évoluer de manière imprévisible et rapide. La lecture de la situation doit se faire de manière dynamique et les décisions réajustées en fonction des évolutions et des circonstances. L’incertitude est le propre de situations que l’on ne peut pas prédire, des résultats espérés mais non garantis, les effets de surprises possibles tels que l’émergence d’un concurrent inattendu, une rupture technologique ou une décision politique, normative, réglementaire, etc. qui modifie l’environnement ou les règles d’une manière brusque et inattendue. La complexité se rapporte au nombre croissant d’interactions, souvent dynamiques, des composants d’un système, d’un marché, d’un secteur d’activité. C’est le chaos et la confusion des batailles dans lesquelles les évolutions de situations sont rapides au point de les rendre difficilement compréhensibles. L’ambiguïté désigne la difficulté de distinguer – sans risque de se tromper – des situations, des relations de cause à effet ou encore la signification de textes réglementaires ou normatifs qui peuvent s’interpréter de différentes manières. »

Christian Hohmann

Notre monde est de plus en plus VICA (Volatile, Incertain, Complexe et Ambigu). Les anglophones parlent d’un monde VUCA (Volatility, Uncertainty, Complexity, Ambiguity) qui implique de nouveaux enjeux et de nouveaux paradoxes dans les organisations pour les leaders et les managers.

« La notion de VUCA (Volatility, Uncertainty, Complexity, Ambiguity – Volatilité, Incertitude, Complexité, Ambiguité) introduite par l’US Army War College pour décrire la Volatilité, l’Incertitude, la Complexité et l’Ambiguïté d’un monde post-guerre froide s’est rapidement imposée à toutes les organisations et définit désormais l’environnement dans lequel elles évoluent. Au cœur des organisations, les managers doivent s’adapter eux-mêmes et adapter leurs modes de management à un environnement définitivement VUCA. Les technologies omniprésentes bouleversent tous les modèles économiques, modifient les chaînes de valeur, permettent d’être plus productif, plus agile, plus proche du client. Mais ces technologies ont aussi des effets potentiellement délétères pour le manager : reconfiguration des interactions humaines, renforcement des tensions, crainte de perdre sa raison d’être, le sens de son action, la clarté de son rôle. Les contraintes induites par ce nouvel environnement s’ajoutent à l’immuable exigence de résultats, faisant apparaître de nouvelles injonctions paradoxales. Comment faire plus vite, être plus agile, centré client, délivrer plus de qualité, développer la coordination et les coopérations, tout en optimisant drastiquement les budgets et avec des ressources qui se raréfient ? »

SBT Human(s) Matter « Le Leader Cognitif – Mieux intégrer ce cerveau qui nous gouverne »

Dans un monde de plus en plus VICA, les projets, les priorités et les stratégies doivent pouvoir changer rapidement car la visibilité se réduit et au-delà du court terme règne l’incertitude. Du coup, les personnes ou les systèmes qui tentent de se renforcer via la recherche excessive de stabilité ne font finalement que se fragiliser à long terme.

La vie est un mouvement permanent, un changement continu, un perpétuel déséquilibre. Habituons-nous à cette instabilité.

Devenir antifragile permet non seulement de rester Ok dans le Chaos et en plus de développer de nouvelles aptitudes grâce au chaos.

Les fondements théoriques de l’antifragilité sont mathématiques (il y existe un théorème de Nassim Nicholas Taleb sur le sujet). Ses fondements philosophiques sont plus à chercher du côté des stoïciens qui nous suggèrent de faire la distinction entre ce qui relève de nous (nos actions) et ce qui n’en relève pas. L’habileté à supporter l’incertitude, le stress et l’opposition n’est pas suffisante. Devenir antifragile, c’est apprendre à changer le chaos et l’adversité en opportunités. Banzaaaaaaiii !!!

Appliquée aux projets de transformation dans les organisations, le concept d’antifragilité est intéressant. Comment le projet réagit-il lorsque les choses ne se passent pas comme prévu ? Lorsqu’il rencontre ce qu’on appelle généralement des résistances ? Est-il fragile ? Comment éviter que le projet s’arrête ou dérape aux premiers aléas ?

Devenir antifragile permet de faire face à l’inattendu…

« L’arrivée de Hitler a été inattendue pour tout le monde. Le pacte germano-soviétique était inattendu et incroyable. Le début de la guerre d’Algérie a été inattendu. Je n’ai vécu que pour l’inattendu et j’ai l’habitude des crises. En ce sens, je vis une nouvelle crise énorme qui a toutes les caractéristiques de la crise qui d’un côté suscite l’imagination créative et de l’autre suscite des peurs et des régressions mentales. Nous recherchons tous le salut providentiel mais nous ne savons pas comment. Il faut apprendre que dans l’histoire, l’inattendu se produit et se reproduira. Nous pensions vivre des certitudes, des statistiques, des prévisions, nous avions l’idée que tout était stable alors que tout commençait déjà à entrer en crise. Nous devons apprendre à vivre avec l’incertitude, c’est-à-dire avoir le courage d’affronter, d’être prêt à résister aux forces négatives. La crise nous rend plus fous et plus sages. Une chose et une autre. La plupart des gens perdent la tête et d’autres deviennent plus lucides. La crise favorise les forces les plus contraires. Je souhaite que ce soient les forces créatives, les forces lucides et celles qui recherchent un nouveau chemin, celles qui s’imposent, même si elles sont encore très dispersées et faibles. Nous pouvons nous indigner à juste titre mais ne devons pas nous enfermer dans l’indignation. »

Edgar Morin parlant de l’inattendu en janvier 2021 sur France Info

Comment devenir antifragile ?

Comment devenir antifragile ? La question est vaste et les réponses multiples.

Si vous voulez explorer des pistes, je vous invite à vous munir d’une loupe et à lire (ou parcourir) les +600 pages de l’ouvrage de Nassim Nicholas Taleb  « Antifragile – Les bienfaits du désordre ».

Voici ce qu’en disent les Éditions Les Belles Lettres en 4° de couverture :

« Le hasard nous rend meilleurs. Avec ce provoquant paradoxe, Nassim Nicholas Taleb nous offre un enseignement d’une portée révolutionnaire.

Comment non seulement surmonter les cataclysmes de notre temps – ces Cygnes Noirs qui fondent sur un homme, une culture, une civilisation, les bouleversent et les réduisent à néant – et en plus en faire une source de bienfaits ?

De même que le corps humain se renforce à mesure qu’il est soumis au stress et à l’effort, de même que les mouvements populaires grandissent lorsqu’ils sont réprimés, de même le vivant en général se développe d’autant mieux qu’il est confronté à des facteurs de désordre, de volatilité ou à quoi que ce soit même de le troubler.

Cette faculté à non seulement tirer profit du chaos mais à en avoir besoin pour devenir meilleur et antifragile.

Promenant son lecteur dans les rues tonitruantes de Brooklyn, les chemins de la pensée antique ou les méandres des neurosciences avec autant d’aisance, ce livre laisse une question en suspens : êtes-vous prêt à devenir antifragile ?

Nassim Nicholas Taleb est l’un des essayistes les plus impertinents et influents de notre temps. Ancien trader, aujourd’hui écrivain, chercheur et auteur de nombreux articles scientifiques, professeur à New York University et flâneur méditatif, Nassim Nicholas Taleb consacre l’essentiel de son temps à sa recherche : comment les différents systèmes gèrent le désordre et l’incertitude ? »

Pour devenir antifragile, Nassim Nicholas Taleb nous propose par exemple de distinguer le signal du bruit. C’est à dire apprendre à distinguer l’utile de l’inutile afin de mieux décider. Notre monde moderne nous propose de plus en plus d’informations de façon quasi instantanée et continue. Beaucoup de bruit pour (presque) rien la plupart du temps. Apprenons à filtrer les informations à notre disposition en éliminant le bruit (l’inutile) du signal (l’utile). La vie connaît des cycles longs réguliers (symbolisé dans la tradition grecque ancienne par Aîon, le temps cyclique). Apprenons à prendre du recul et à observer le temps long et les vérités qui ont « survécu » à ce temps long. L’antifragile résiste au temps court. Écouter le signal, c’est observer les tendances longues. Sinon, cela revient à écouter le bruit de la variabilité, générateur de stress.

En guise de conclusion inachevée …

Au-delà de la puissance de la résilience, il s’agit de développer le pouvoir et la sagesse de l’antifragilité.

Devenir antifragile. Le pourquoi est limpide. Le comment l’est beaucoup moins. Nicholas NassimTaleb propose des pistes d’exploration.

Je partage avec vous trois pratiques que j’ai fait miennes pour faire face à l’absence (apparente) de ressources et qui m’aident à développer mon antifragilité : l’arbre de vie, la respiration en mode cohérence cardiaque et en pleine conscience, la plongée dans mon silence intérieur. A la base, ce sont des techniques. Au quotidien, ce sont des choix conscients.

> Mon arbre de vie me donne un axe, il est comme mon Axis Mundi personnel.

J’ai formalisé mon arbre de vie ce qui m’a permis de renforcer ma confiance dans mes ressources (qualités, talents, compétences, valeurs et croyances aidantes) pour aborder l’avenir avec plus de sérénité.

> Je respire en mode cohérence cardiaque et en pleine conscience.

Lorsque je sens que cela s’agite en moi et autour de moi, je fais le choix de retrouver mon axe : je m’ancre, je me centre et je m’aligne en me reconnectant à mon arbre de vie et en respirant en mode cohérence cardiaque

Lorsque je ressens de l’incertitude ou de l’inquiétude, je fais le choix conscient de me « pauser » pour me poser les bonnes questions et trouver les réponses justes. Je pratique régulièrement la méditation en pleine conscience (« mindfulness »). Actuellement, je travaille à perfectionner ma capacité à méditer en pleine conscience afin que cela devienne une routine dans ma vie au quotidien.

La méditation en pleine conscience est une posture mentale « stoïque » qui permet de porter attention aux choses telles qu’elles sont, intentionnellement et dans l’instant présent. Elle permet de développer l’acceptation de ce qui est.

J’observe (je porte attention aux choses) en les acceptant (telles qu’elles sont). Qu’est-ce qui s’impose à moi ? Alors, je l’accepte. Où puis-je agir ? Alors, j’agis de manière responsable.

Prendre le temps de me « pauser », en pleine conscience, me permet de relativiser les événements et les situations, de remettre les enjeux à un niveau approprié et de prendre suffisamment de recul pour pouvoir prendre des décisions justes.

« Lâcher prise, ce n’est pas fuir le réel par la distraction ou l’auto persuasion, c’est rester là, présent, dans une attitude mentale particulière. Rester là en renonçant à contrôler, à trouver une solution. Faire confiance à ce qui va arriver. Sans naïveté mais avec curiosité, sans cesser d’être attentif. »

Christophe André – Psychiatre « Méditer jour après jour »

« La pratique de la respiration consciente nous permet d’accueillir la joie et la paix en nous. Lorsque nous nous concentrons sur notre respiration, nous ne sommes plus emportés au loin par nos pensées à propos du passé ou du futur. Nous sommes libres de toute pensée. Quand nous sommes perdus dans nos pensées, nous ne pouvons pas être vraiment présents. Descartes a dit « Je pense, donc je suis » mais la plupart du temps, la vérité ressemble plutôt à « Je pense, donc je ne suis pas vraiment là ». Lorsque nous ramenons notre attention à notre inspiration, nous ne pensons pas à notre inspiration, c’est l’expérience directe. Nous vivons notre inspiration. Notre inspiration n’est pas une pensée, c’est une réalité. Nous vivons la réalité qu’est notre inspiration « J’inspire, j’apprécie mon inspiration ». Si nous respirons ainsi, en pleine conscience, nous pouvons voir beaucoup de choses. Nous pouvons toucher le miracle de la vie, parce qu’en respirant consciemment, nous réalisons que nous sommes en vie. Être en vie est une chose fantastique. Être présent, ici et maintenant, en train de respirer, est un miracle. Être vivant est l’un des plus grands miracles. Avec pleine conscience et concentration, nous pouvons entrer en contact et vivre chaque moment de notre vie quotidienne comme un miracle. J’inspire, je suis mon inspiration tout le long, du début jusqu’à la fin. J’expire, je suis mon expiration tout le long, du début jusqu’à la fin. »

Thich Nhat Hanh « La peur. Conseils de sagesse pour traverser la tempête. »
> Je me fait régulièrement le cadeau d’une plongée dans le silence intérieur.

Comme le dit Thierry Janssen, cela me permet de m’installer dans un subtil équilibre entre vigilance et détente pour faire l’expérience d’un retour vers moi, d’une connexion à cet espace qui peut tout accueillir, tout contenir, d’une connexion à un vide plein, un vide rempli de tous les potentiels.

Voici un extrait d’une conférence de Thierry Janssen – donnée le 3 décembre 2015 à Bruxelles – au cours de laquelle il parle de sa pratique de la méditation et propose aux auditeurs d’expérimenter de petites plongées régulières dans le silence intérieur.

« Plusieurs fois par jour, voire plusieurs fois par heure parce que c’est très court. Si au départ j’ai besoin d’un peu de discipline, pourquoi je ne mettrais pas sur mon téléphone une alarme qui me rappelle que « tiens c’est ma minute de silence intérieur – même pas ma minute – mes 30 secondes de silence intérieur ». Je pense d’ailleurs que c’est ce qui est à l’origine de certaines pratiques religieuses – comme la prière cinq fois par jour chez les musulmans – qui est un appel à revenir à soi, au Soi, au divin en nous. Si ce n’est pas compris comme cela, malheureusement on passe à côté de l’expérience. Imaginez … vous avez votre alarme qui sonne. Vous pensez « Ce serait bien que je revienne à mon silence intérieur » et vous revenez simplement vers vous. Vous prenez une posture alerte comme en méditation. Il est évident qu’on peut méditer coucher mais, personnellement, je ne sais pas comment on y arrive tant qu’on n’a pas appris à méditer assis. Parce que dès qu’on se met couché, il y a une posture de détente qui diminue notre vigilance et on tombe très vite dans l’endormissement. Alors que la méditation est quelque chose de tout à fait singulier comme expérience de vie, de conscience, qui est un subtil équilibre entre vigilance et détente. Remarquez que dans toutes les pratiques méditatives on demande au départ au méditant, à l’apprenti, d’adopter une posture. Une posture assise, les deux pieds posés bien sur terre et le torse redressé de façon que les épaules soient vraiment posées sur le bassin – ni en avant parce qu’il y a une tension qui ne va pas être tenable très longtemps, ni en arrière parce que je vais m’avachir et m’endormir – dans une vigilance qui ne me demande pas d’effort. Il y a une détente parce que mon centre de gravité est parfaitement posé. Je vais descendre les yeux, les baisser pour que mon regard se porte vers mon cœur. Mon menton rentre légèrement et ma nuque s’étire. Je me redresse et je suis dans cette vigilance, subtil équilibre entre la stimulation sympathique de notre système nerveux qui nous met en tension et parasympathique qui nous met en détente. Vous accompagnez cette posture d’une respiration consciente. On respire tout le temps mais la respiration est la seule fonction dans l’organisme qui peut être à la fois automatique et contrôlé de manière volontaire. Donc là vous pouvez simplement prendre conscience de votre respiration. La respiration est un acte qui rééquilibre justement le système sympathique qui nous met en tension et le système parasympathique qui nous met en détente. Vous accompagnez cet équilibre nécessaire non seulement avec votre posture mais par la respiration aussi. Tout a une justification dans une pratique. Une fois que vous êtes là, vous revenez vers vous. Vous vous redressez, vous êtes vigilant, vous pouvez vous centrer sur votre respiration – sans en amplifier les mouvements ni la fréquence – tout en essayant de rester attentif à cela. Inspir expir. Inspir expir. Inévitablement, vous allez avoir des images, des sensations, des émotions qui vont surgir mais vous ne vous y attachez pas. C’est plus facile à dire qu’à faire au début. Même si vous vous y attachez et que vous commencez à réfléchir du genre vous voyez une voiture rouge passer … Ah ! une voiture rouge comme la voiture de mon voisin … Ah oui ! ça me rappelle que le voisin de ma grand-mère avait une voiture blanche et qu’il la mettait toujours devant son garage … Ah oui ! ça me rappelle que mon voisin met aussi sa voiture parfois devant mon garage … et je me rappelle que j’ai oublié les poubelles dans mon garage … Vous êtes parti dans une histoire, vous n’êtes plus là. Si vous vous rendez compte de cela, c’est déjà un acte de méditation. Vous vous dites que ce n’est pas grave. Ne commencez pas à vous culpabiliser avec l’ego spirituel qui vous dit que vous avez mal fait. OK je suis conscient que je suis parti, je reviens. Avec un peu d’habitude, vous allez voir que le mental va s’apaiser. Et au moment où votre mental commence à être un peu paisible, écoutez. Écoutez le silence. C’est comme si vous faisiez un pas en arrière. Il y a comme un espace. Vous pouvez même amplifier le phénomène en commençant à respirer consciemment et en libérant l’énergie dans la poitrine. Vous allez sentir cet espace et surtout vous allez faire circuler l’énergie du cœur. C’est l’énergie de l’acceptation inconditionnelle qui est justement nécessaire pour rester dans l’espace du Soi, cet espace paisible et silencieux qui accepte tout ce qui va surgir. Vous écoutez le silence. Il y a fort à parier qu’après quelques petites fois où vous essaierez, il y aura des moments où vous serez ce silence. C’est très curieux. Et vous le perdez. Parce que vous vous rendez compte que vous êtes ce silence, c’est déjà perdu, puisque vous êtes déjà avec votre mental en train d’analyser que vous étiez ce silence. Mais ça n’empêche que vous avez pu le goûter et vous devenez le silence. Vous réalisez le Soi – comme on dit – et vous êtes en train d’accomplir l’être en pratiquant régulièrement cette petite plongée. Revenir à soi, écouter la respiration s’apaiser, ouvrir l’énergie de la poitrine qui fait circuler l’énergie de l’acceptation inconditionnelle et écouter le silence. C’est vite fait si vous le faites régulièrement. Il y a fort à parier que les moments de petites extases vont devenir de plus en plus fréquents. Je peux en témoigner. Je ne prétends pas du tout être un éveillé dans le sens où je vivrais toujours dans cet état, mais je sais aujourd’hui que cet état est une réalité et que c’est cette réalité qui m’aide à vivre dans une sérénité, bien que mon Moi et mon ego continuent à être agités par moment et à avoir des réactions tout à fait débiles dont je prends conscience mais que je lâche d’autant plus facilement. Et donc je pourrais vous encourager à faire cela : des petites plongées régulières dans le silence intérieur. »

Thierry Janssen
Et vous, quelles sont vos bonnes pratiques pour développer votre antifragilité ?
Vos partages d’expériences, vos commentaires et vos questionnements sont les bienvenus en bas de cet article.
Si vous souhaitez savoir comment je peux vous aider à développer votre résilience et votre antifragilité, sentez vous libre de me contacter pour partager avec moi vos intentions, vos difficultés et vos ambitions.
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Laurent Claret

 

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1 Commentaire

  1. Vaz de barros

    Merci pour votre partage

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