Osez pratiquer l’art de ne (presque) rien faire !

Écrit par Laurent Claret

23/12/2018

 

Faire le choix conscient et courageux d’oser pratiquer l’art de ne (presque) rien faire, c’est nous faire plusieurs cadeaux (parce que nous le valons bien) …

celui d’un temps de contemplation pour préparer l’action, celui d’un temps pour « juste être », celui d’un temps pour prendre soin de notre écologie personnelle, celui d’un temps pour plonger dans le silence intérieur, celui d’un temps pour faire l’expérience du mouvement de la vie et celui d’un temps pour (re)penser notre ministère mystérieux.

Vive l’abondance !

En guise d’introduction … traverser la peur du « temps vide ».

« Notre époque nous offre bien des moyens de nous évader. Avec la multiplication des écrans et des contenus, il n’est plus guère aujourd’hui d’occasions de s’ennuyer. Grâce au téléphone connecté, le moindre temps mort est instantanément mis à profit pour se divertir, pour travailler, accessoirement pour téléphoner. Nous ne supportons plus d’attendre et de ne rien faire. Qui est encore capable de rester dans une file d’attente sans sortir son téléphone et s’y absorber ? Presque personne. D’un autre côté, ne serait-ce pas du temps perdu que de rester sans rien faire ? C’est ce qu’il nous semble, et nous sommes persuadés qu’en remplissant les temps morts, nous gagnons du temps pour plus tard. Pourtant, lorsque nous pouvons enfin profiter de ce temps gagné, nous sommes pris d’une sorte de vertige : nous nous rendons compte que, sauf à le remplir lui aussi d’activités qui nous permettent de nous absenter de nous-mêmes, nous ne savons qu’en faire. Le temps vide nous effraie. Pourquoi ? Parce que ne rien faire nous met face au fait même d’exister. »

Eudes Séméria « Les quatre peurs qui nous empêchent de vivre. »

En guise de développement … se faire le cadeau d’un « temps plein ».

Un temps de contemplation pour préparer efficacement l’action.

Madras en train de rêver et de contempler avant de passer à l’action.

« Pourquoi les poètes aiment-ils tous les chats ?
Les chats passent le plus clair de leur temps à dormir et leur sommeil est principalement employé à rêver. Ceci explique pourquoi ils jouissent d’un formidable équilibre, à la différence – par exemple – des lapins ou des cochons d’Inde, lesquels ne pouvant jamais fermer l’œil plus de trois minutes d’affilée sont de lamentables névrosés en proie à une tremblote chronique.
Les chats retombent toujours sur leurs pattes, gracieux au repos, foudroyants à la chasse, leurs réflexes sont d’une rapidité et d’une précision infaillibles.
D’une certaine manière, ce double talent qu’ils ont pour la contemplation et pour l’action les rapproche des poètes. »
Denis Grozdanovitch – extrait de « L’art difficile de ne presque rien faire »

La contemplation prépare efficacement à l’action. Sans contemplation préalable, pas de vision élaborée, pas de véritable sens à l’action.

La beauté invite à la contemplation qui favorise à son tour l’intuition.

L’action de contempler un chat en train de rêver sur un canapé, un coucher de soleil, une libellule posée au bout d’un roseau ou un vol d’étourneaux en rase campagne, permet de mettre le mental au repos et de laisser la place à l’imaginaire, au rêve éveillé, à l’intuition, à la créativité.

Alors pourquoi se priver de se servir de la beauté du monde ? Pourquoi ne pas utiliser cette beauté comme un support de contemplation ?

Préserver la jouissance de l’instant c’est investir dans l’efficience d’une action future.

Walt Disney l’avait bien compris : dans le processus de création de chacun de ses projets, il convoquait d’abord son « rêveur » (et uniquement lui), avant de laisser la place à son « réalisateur » puis à son « critique ». Un état d’esprit à la fois et la création sera au rendez-vous.

« Ils ont échoué car ils avaient oublié de commencer par le rêve. »

William Shakespeare

Et vous, comment vous préparez-vous à l’action ?

Un temps pour ne rien faire. Juste un temps pour être.

Madras en train de méditer les mots sacrés et de prendre le temps d’être.

« Si vous pouvez vous établir dans cet instant, vous découvrirez l’éternité. »

René Char

Donnons-nous l’autorisation, par moments et de plus en plus souvent, d’exister sans être utiles à quoi que ce soit ni à qui que ce soit.

Morceau choisi dans le magazine Yggdrasil « Effondrement & renouveau » numéro diouze « Inspirons-nous : comment acter une politique spirituelle de l’émergence de l’être ? »

« L’être n’a rien à voir avec l’utile. C’est un contresens. L’utilité, dans son sens politique, est une invention qui permet de prolonger l’exploitation, jusqu’à l’auto-exploitation de nos propres corps. Et nous y croyons, car nous sommes coupé(e)s de notre sensorialité, de l’existant et du vivant. Alors, nous nous efforçons de faire, de produire, de reproduire, d’être rentables, de servir à… D’être efficaces. Être utile validerait alors une sorte de droit à exister. Pourtant, il n’y a ni droit ni utilité à exister, à être. Car notre existence est un mystère. (…) Sans attendre, cultivons l’inutile. En affirmant que nous ne servons à rien. Pour ne pas être asservi(e)s. Aliéné(e)s. En reconnaissant tous ces moments où nous réduisons notre propre corps à un outil manuel, intellectuel ou même spirituel. En respirant avec cette conscience. En accueillant toute la connaissance que nous livre notre souffle à chaque instant. En laissant circuler nos inspirs et nos expirs. En jouissant de la beauté et de la bonté d’être et de créer, de contempler et de partager, sans rien attendre d’autre que l’enthousiasme pour nous guider. Affirmons notre essence sacrée dans le sens d’une liberté absolue et du plaisir infini d’être. »

Yggdrasil #Diouze

Contempler c’est devenir ce que je regarde. Ce que je regarde occupe toute mon attention sans autre pensée à ce moment-là. Alors je peux commencer à méditer. La méditation, c’est pratiquer l’écoute du silence intérieur.

Quand je me tais suffisamment fort à l’intérieur de moi, il se passe quelque chose. Je ne suis plus limité par mes cinq sens et je passe d’une perception de la réalité dite ordinaire à la perception d’une réalité dite non ordinaire. Grâce à la respiration consciente, je sors du plan mental et je peux traverser un voile de perception de l’autre côté duquel la vie se révèle comme une unique Présence intime, intelligente et commune à tous.

« J’avais appris que la patience était une vertu suprême, la plus élégante et la plus oubliée. Elle aidait à aimer le monde. Sur les pages de mes carnets, j’avais réuni les quelques principes que m’inspiraient ces journées passées à côtoyer la beauté. Vénérer ce qui se tient devant nous.  Ne rien espérer. Jouir de ce qui s’offre. Avoir foi en la poésie. Se contenter du monde. Lutter pour qu’il demeure. »

Sylvain Tesson « La panthère des neiges »

La contemplation et la méditation sont des clés qui ouvrent des portes : celles de la perception. Le groupe de musiciens The Doors (« the doors of perception ») m’invitait déjà à sa façon à « rider on the storm ». Je quitte l’illusion profane du temps linéaire (Chronos) et j’entre dans le temps sacré cyclique (Aiôn) et le temps opportun (Kairos). Je peux expérimenter la plénitude du vide et me connecter sur d’autres plans, à d’autres réalités. Je suis dans l’Absolu de moi-même. Je suis.

« Pour percevoir la profondeur des messages qui vous entourent et vous rapprocher de votre âme de chaman, vous aurez besoin de vous isoler, de baisser le niveau sonore de votre mental. La célébration de toute vie intérieure passe par le silence. Il n’y a pas d’expérience spirituelle sans silence. Le véritable silence se révèle à votre âme dans la profondeur de la solitude. La solitude est souvent mal comprise car elle est vécue dans nos sociétés bruyantes comme une punition. On imagine que celui qui est seul s’ennuie ou ne sait pas se faire des amis.

Il existe deux types de solitude : celle du mendiant et celle de l’empereur.

Le mendiant n’est pas autonome, il quête de la tendresse, de l’affection. Il attire l’attention pour qu’on s’occupe de lui, pour ne pas rester seul, car lui-même n’est pas autonome. Il aime se faire plaindre et recherche la compagnie en permanence.

Et puis, il y a la solitude de l’empereur. Celle de l’artiste ou de l’ermite. L’ermite s’isole pour rencontrer Dieu, l’artiste s’isole pour retrouver l’inspiration, l’empereur s’isole pour retrouver sa puissance intérieure et son charisme.

La révélation a lieu loin des regards. Accordez-vous chaque jour un temps de solitude pour vous rapprocher de votre intimité. Un temps où vous vous choisissez vous-même comme la personne la plus importante de votre vie. Un temps pour ne rien faire. Juste un temps pour être. En réveillant l’empereur, l’artiste est l’ermite en vous, vous réveillerez le chaman qui est en vous. »

Arnaud Riou « Réveillez le chaman qui est en vous »

NB : Le terme « chaman » est utilisé ici pour qualifier celles et ceux qui choisissent de s’ouvrir au grand mystère de la vie en élargissant leur champ de conscience. La voie chamanique s’explore dans l’alchimie d’un cœur d’enfant et d’une âme d’ancêtre. Le chaman chemine et explore avec la curiosité d’un enfant, le discernement d’un sage et le courage d’un guerrier.

Le Kairos représente à la fois le temps du discernement et celui de l’action juste (le moment opportun pour agir). Le Kairos est inaccessible aux personnes pressées par le temps ou les résultats. Il ne s’offre qu’à celui ou celle qui sait faire taire momentanément le brouhaha de ses pensées pour s’ouvrir à l’instant présent et à l’expérience directe du réel (non filtrée par le mental). Se donner l’opportunité d’accéder au Kairos, c’est s’ouvrir à la sérendipité et aux synchronicités.

Un temps pour faire l’apprentissage de l’ici – maintenant – ce moment …

« La pratique de la respiration consciente nous permet d’accueillir la joie et la paix en nous. Lorsque nous nous concentrons sur notre respiration, nous ne sommes plus emportés au loin par nos pensées à propos du passé ou du futur. Nous sommes libres de toute pensée. Quand nous sommes perdus dans nos pensées, nous ne pouvons pas être vraiment présents. Descartes a dit « Je pense, donc je suis » mais la plupart du temps, la vérité ressemble plutôt à « Je pense, donc je ne suis pas vraiment là ». Lorsque nous ramenons notre attention à notre inspiration, nous ne pensons pas à notre inspiration, c’est l’expérience directe. Nous vivons notre inspiration. Notre inspiration n’est pas une pensée, c’est une réalité. Nous vivons la réalité qu’est notre inspiration « J’inspire, j’apprécie mon inspiration ». Si nous respirons ainsi, en pleine conscience, nous pouvons voir beaucoup de choses. Nous pouvons toucher le miracle de la vie, parce qu’en respirant consciemment, nous réalisons que nous sommes en vie. Être en vie est une chose fantastique. Être présent, ici et maintenant, en train de respirer, est un miracle. Être vivant est l’un des plus grands miracles. Avec pleine conscience et concentration, nous pouvons entrer en contact et vivre chaque moment de notre vie quotidienne comme un miracle. J’inspire, je suis mon inspiration tout le long, du début jusqu’à la fin. J’expire, je suis mon expiration tout le long, du début jusqu’à la fin. »

Thich Nhat Hanh « La peur. Conseils de sagesse pour traverser la tempête. »

Si vous ne l’avez pas vu, je vous recommande le film « Le Guerrier Pacifique » (« The Peaceful Warrior » en VOSTFR durée 1h55) sur la thématique de l’apprentissage de l’ici – maintenant – ce moment par un jeune homme accompagné par un vieux sage.

Si vous préférez cheminer dans l’apprentissage de l’ici – maintenant – ce moment en lisant un roman, il s’agit tout simplement de celui de Dan Millman « Le guerrier Pacifique ».

Où es-tu ? Ici. Quelle heure est-il ? Maintenant. Qu’es-tu ? Ce moment.

Where are you ? Here. What time is it ? Now. What are you ? This moment.

Dan Millman « Le Guerrier Pacifique »

Et vous, comment vivez-vous l’ici – maintenant – ce moment ?

Un temps pour faire l’expérience du « Flow », du « O in motion », du « Wu-wei ».

Madras (encore) en train de méditer les mots sacrés.

« L’ultime effort est de n’en faire aucun. »

Gregory Mutombo « Le Feu de l’Esprit »

« Flow » … kesako ?

Voici ce qu’en dit Wikipedia …

« En psychologie positive, le flow (mot anglais qui se traduit par flux) ou la zone, est un état mental atteint par une personne lorsqu’elle est complètement plongée dans une activité et qu’elle se trouve dans un état maximal de concentration, de plein engagement et de satisfaction dans son accomplissement. Fondamentalement, le flow se caractérise par l’absorption totale d’une personne par son occupation.

Ce concept, élaboré par le psychologue Mihály Csíkszentmihályi à partir de 1975, a été utilisé dans de nombreux domaines, du sport à la musique en passant par la spiritualité, l’éducation et la séduction, bien qu’il ait existé depuis toujours sous d’autres formes, notamment dans les religions et spiritualités orientales telles que le bouddhisme et le taoïsme.

Atteindre le flow se dit aussi « être dans la zone ». Dans les versions françaises des textes de Csíkszentmihályi, on trouve indifféremment les termes de « flux », d’« expérience-flux », d’« expérience optimale » ou de « néguentropie psychique ».

Selon Csíkszentmihályi, le flow est un état totalement centré sur la motivation. C’est une immersion totale, qui représente peut-être l’expérience suprême, employant les émotions au service de la performance et de l’apprentissage. Dans le flow, les émotions ne sont pas seulement contenues et canalisées, mais en pleine coordination avec la tâche s’accomplissant. Le trait distinctif du flow est un sentiment de joie spontané, voire d’extase pendant une activité.

En français, on emploie parfois, au sens profane, l’expression état de grâce, par exemple lors d’une prise de fonction ou d’un oral d’examen : les situations comme les actions à effectuer semblent alors se présenter de façon très claire. »

« O in motion » … kesako ?

C’est une autre façon de parler du flow, du flux, de l’expérience optimale, de la sensation d’être dans la zone.

Je partage avec vous une vidéo qui traite de la présence à soi, aux autres et au monde : « O In Motion » ou comment naitre à chaque instant et danser sa vie …

Explication et démonstration de Ludovic Ucka lors de son TEDx Lille

« Vous êtes tous des danseurs mais vous l’ignorez. »

Ludovic Ucka

« Wu-wei » … kesako ?

C’est un état de grâce dans lequel l’action s’accomplit par enchantement, sans le concours de la volonté. Tout le monde l’a vécu au moins une fois dans sa vie et rare sont celles et ceux qui savent y retourner…

Pour le dire autrement, le Wu-wei c’est « l’art de réussir sans essayer »

Et vous, comment vous connectez-vous au Flow de la Vie ?

Un temps pour prendre soin de notre écologie personnelle en nous autorisant des temps de repos suffisants après l’effort.

Madras en train de prendre soin de son écologie personnelle.

Cela peut paraitre paradoxal et pourtant ce sont les temps de repos après l’effort qui nous permettent de renforcer la capacité adaptative de notre corps.

C’est scientifiquement prouvé et décrit par la loi d’hormèse : tout organisme vivant exposé à un stimulus stressant ne dépassant pas sa capacité d’adaptation, voit cette dernière s’améliorer lors de la phase de repos qui suit.

L’une des caractéristiques propres au vivant est sa capacité d’adaptation à son environnement. En tant qu’humains, c’est cette capacité à nous « stresser »  qui nous permet de nous mouvoir, de réfléchir, d’agir et de réagir en fonction des contraintes extérieures.

Cette capacité à se « stresser » est différente d’un individu à un autre. Elle est en partie déterminée génétiquement à la naissance et varie au cours de la vie en fonction de nombreux paramètres de notre mode de vie. C’est notre état de santé, de vitalité, qui détermine la force de notre organisme à s’adapter aux contraintes extérieures. Avec l’actuelle Covid-19, il est beaucoup question de bOOster nos défenses immunitaires.

Une fonction sur sollicitée va tendre à l’épuisement. C’est là que le stress est dit « mauvais » car il peut mener à des états pathologiques comme le burn-out.

Une fonction sous sollicitée va s’amoindrir, s’atrophier car il n’est pas avantageux pour le corps de maintenir une fonction qui ne sert à rien. Pas assez de stress est donc « mauvais » aussi.

Une fonction sollicitée à une juste mesure et accompagnée d’une phase de repos se maintient et se renforce. Ici, nous pouvons parler de « bon » stress.

Action … Repos !     Action … Repos !     Action … Repos !

Action … Contemplation !     Action … Contemplation !     Action … Contemplation !

Action … Méditaction !     Action … Méditaction !     Action … Méditaction !

Et vous, comment prenez-vous soin de votre écologie personnelle ?

Un temps pour faire l’expérience d’une plongée dans le silence intérieur.

« Les questions viennent du bruit. Les réponses viennent du silence. Sois calme et écoute. Renseigne-toi à l’intérieur. »

Auteur inconnu de moi

La proposition est de plonger de court moments – plusieurs fois par jour – dans le silence intérieur, plutôt que de longs moments plus rarement. L’invitation est de s’offrir le cadeau de s’installer dans un subtil équilibre entre vigilance et détente pour faire l’expérience d’un retour vers soi, d’une connexion au divin en soi, d’une connexion à cet espace qui peut tout accueillir, tout contenir, d’une connexion à un vide plein, un vide rempli de tous les potentiels.

Voici un extrait d’une conférence de Thierry Janssen – donnée le 3 décembre 2015 à Bruxelles – au cours de laquelle il parle de sa pratique de la méditation et propose aux auditeurs d’expérimenter de petites plongées régulières dans le silence intérieur.

« Plusieurs fois par jour, voire plusieurs fois par heure parce que c’est très court. Si au départ j’ai besoin d’un peu de discipline, pourquoi je ne mettrais pas sur mon téléphone une alarme qui me rappelle que « tiens c’est ma minute de silence intérieur – même pas ma minute – mes 30 secondes de silence intérieur ». Je pense d’ailleurs que c’est ce qui est à l’origine de certaines pratiques religieuses – comme la prière cinq fois par jour chez les musulmans – qui est un appel à revenir à soi, au Soi, au divin en nous. Si ce n’est pas compris comme cela, malheureusement on passe à côté de l’expérience. Imaginez … vous avez votre alarme qui sonne. Vous pensez « Ce serait bien que je revienne à mon silence intérieur » et vous revenez simplement vers vous. Vous prenez une posture alerte comme en méditation. Il est évident qu’on peut méditer coucher mais, personnellement, je ne sais pas comment on y arrive tant qu’on n’a pas appris à méditer assis. Parce que dès qu’on se met couché, il y a une posture de détente qui diminue notre vigilance et on tombe très vite dans l’endormissement. Alors que la méditation est quelque chose de tout à fait singulier comme expérience de vie, de conscience, qui est un subtil équilibre entre vigilance et détente. Remarquez que dans toutes les pratiques méditatives on demande au départ au méditant, à l’apprenti, d’adopter une posture. Une posture assise, les deux pieds posés bien sur terre et le torse redressé de façon que les épaules soient vraiment posées sur le bassin – ni en avant parce qu’il y a une tension qui ne va pas être tenable très longtemps, ni en arrière parce que je vais m’avachir et m’endormir – dans une vigilance qui ne me demande pas d’effort. Il y a une détente parce que mon centre de gravité est parfaitement posé. Je vais descendre les yeux, les baisser pour que mon regard se porte vers mon cœur. Mon menton rentre légèrement et ma nuque s’étire. Je me redresse et je suis dans cette vigilance, subtil équilibre entre la stimulation sympathique de notre système nerveux qui nous met en tension et parasympathique qui nous met en détente. Vous accompagnez cette posture d’une respiration consciente. On respire tout le temps mais la respiration est la seule fonction dans l’organisme qui peut être à la fois automatique et contrôlé de manière volontaire. Donc là vous pouvez simplement prendre conscience de votre respiration. La respiration est un acte qui rééquilibre justement le système sympathique qui nous met en tension et le système parasympathique qui nous met en détente. Vous accompagnez cet équilibre nécessaire non seulement avec votre posture mais par la respiration aussi. Tout a une justification dans une pratique. Une fois que vous êtes là, vous revenez vers vous. Vous vous redressez, vous êtes vigilant, vous pouvez vous centrer sur votre respiration – sans en amplifier les mouvements ni la fréquence – tout en essayant de rester attentif à cela. Inspir expir. Inspir expir. Inévitablement, vous allez avoir des images, des sensations, des émotions qui vont surgir mais vous ne vous y attachez pas. C’est plus facile à dire qu’à faire au début. Même si vous vous y attachez et que vous commencez à réfléchir du genre vous voyez une voiture rouge passer … Ah ! une voiture rouge comme la voiture de mon voisin … Ah oui ! ça me rappelle que le voisin de ma grand-mère avait une voiture blanche et qu’il la mettait toujours devant son garage … Ah oui ! ça me rappelle que mon voisin met aussi sa voiture parfois devant mon garage … et je me rappelle que j’ai oublié les poubelles dans mon garage … Vous êtes parti dans une histoire, vous n’êtes plus là. Si vous vous rendez compte de cela, c’est déjà un acte de méditation. Vous vous dites que ce n’est pas grave. Ne commencez pas à vous culpabiliser avec l’ego spirituel qui vous dit que vous avez mal fait. OK je suis conscient que je suis parti, je reviens. Avec un peu d’habitude, vous allez voir que le mental va s’apaiser. Et au moment où votre mental commence à être un peu paisible, écoutez. Écoutez le silence. C’est comme si vous faisiez un pas en arrière. Il y a comme un espace. Vous pouvez même amplifier le phénomène en commençant à respirer consciemment et en libérant l’énergie dans la poitrine. Vous allez sentir cet espace et surtout vous allez faire circuler l’énergie du cœur. C’est l’énergie de l’acceptation inconditionnelle qui est justement nécessaire pour rester dans l’espace du Soi, cet espace paisible et silencieux qui accepte tout ce qui va surgir. Vous écoutez le silence. Il y a fort à parier qu’après quelques petites fois où vous essaierez, il y aura des moments où vous serez ce silence. C’est très curieux. Et vous le perdez. Parce que vous vous rendez compte que vous êtes ce silence, c’est déjà perdu, puisque vous êtes déjà avec votre mental en train d’analyser que vous étiez ce silence. Mais ça n’empêche que vous avez pu le goûter et vous devenez le silence. Vous réalisez le Soi – comme on dit – et vous êtes en train d’accomplir l’être en pratiquant régulièrement cette petite plongée. Revenir à soi, écouter la respiration s’apaiser, ouvrir l’énergie de la poitrine qui fait circuler l’énergie de l’acceptation inconditionnelle et écouter le silence. C’est vite fait si vous le faites régulièrement. Il y a fort à parier que les moments de petites extases vont devenir de plus en plus fréquents. Je peux en témoigner. Je ne prétends pas du tout être un éveillé dans le sens où je vivrais toujours dans cet état, mais je sais aujourd’hui que cet état est une réalité et que c’est cette réalité qui m’aide à vivre dans une sérénité, bien que mon Moi et mon ego continuent à être agités par moment et à avoir des réactions tout à fait débiles dont je prends conscience mais que je lâche d’autant plus facilement. Et donc je pourrais vous encourager à faire cela : des petites plongées régulières dans le silence intérieur. »

Thierry Janssen

Et vous, comment pratiquez-vous des plongées dans le silence intérieur ?

Un temps pour (re)penser son Ministère Mystérieux.

Madras (encore et toujours) en train de méditer les mots sacrés et de (re)penser son Ministère Mystérieux.

« Ne te demande pas ce que le monde attend. Demande-toi comment tu peux prendre vie. Car c’est de ça dont le monde a besoin. »

Harold Whitman

Et vous, prenez-vous le temps de (re)penser votre Ministère Mystérieux ?

En guise de conclusion inachevée … se laisser traverser par le mouvement de la Vie.

« En réduisant le temps de nos trajets, en annulant celui de la recherche d’une information, en multipliant les écrans qui nous attirent et nous relient au monde entier, nous avons fait naître un humain hyper connecté sauf à lui-même. (…) Ralentir est le début du mouvement. Habiter le temps plutôt que lui courir après. Être à chaque chose pleinement plutôt qu’à de nombreuses incomplètement. »

Éric de Kermel « La libraire de la place aux herbes »

Lorsque je fais le choix conscient et courageux de pratiquer l’art difficile de ne (presque) rien faire, je crée les conditions pour « me laisser traverser par le mouvement de la Vie et prendre le temps d’écouter ce que la Vie m’appelle à faire avant de me mettre en action » dixit Frédéric Laloux.

« Il est difficile au milieu du brouhaha de notre civilisation qui a le vide et le silence en horreur d’entendre la petite phrase qui, à elle seule, peut faire basculer une vie : Où cours-tu ? Il y a des fuites qui sauvent la vie : devant un serpent, un tigre, un meurtrier. Il en est qui la coûtent : la fuite devant soi-même. Et la fuite de ce siècle devant lui-même est celle de chacun de nous. Où cours-tu ? Si au contraire nous faisions halte – ou volte-face – alors se révélerait l’inattendu : ce que depuis toujours nous recherchons dehors veut naître en nous. »

Christiane Singer

« Festina lente » … Hâte-toi lentement.

Quoiqu’en pensent et quoiqu’en disent les autres, oser aller lentement pour arriver plus vite à un travail bien fait. Banzaaaaaaaaiiii !!!

Et vous, quelles sont vos bonnes pratiques dans l’art de ne (presque) rien faire ? Comment vous donnez-vous les autorisations pour « juste être » ? Comment créez-vous les conditions pour ne (presque) rien faire ?
Vos questionnements, vos commentaires et vos retours d’expériences sont les bienvenus dans l’onglet en bas de cet article.
Si vous souhaitez savoir comment je peux vous aider à développer ou perfectionner l’art de ne (presque) rien faire, sentez-vous libre de me contacter pour partager avec moi vos intentions, vos difficultés et vos ambitions.
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Mario en pleine recherche de vitesse … avant de passer à l’action.

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Laurent Claret

 

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